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1964

Feux, canicule, faits divers, problèmes d’eau... Et si l’actu de l'été 1964 n’était pas si différente de celle de l'été 2024?

Il y a 60 ans, à une tout autre époque, "Var-Matin République" et "Nice-Matin" retraçaient l’actualité du territoire. Les sujets abordés étaient-ils si différents que ceux relatés dans nos pages aujourd’hui? À vous d’en juger.

Extraits de Var Matin du 3 Aout 2024 - CCFF Roquebrune Sur Argens 

Matthieu Bescond  Publié le 03/08/2024 à 11:52, mis à jour le 03/08/2024 à 12:34
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Le 11 juillet 1964, plusieurs incendies se déclenchaient dans le Var. La superficie brûlée de bois, pinèdes et broussailles, était estimée à près de 10.000 hectares sur le plan départemental. Près de 1000 sapeurs-pompiers été mobilisés, comme ici, aux Arcs-sur-Argens. DR
 

"Les temps changent...! C’était mieux avant!", houspillent certains, à la moindre contrariété. Un adage qui peut pourtant être discuté.

À la lecture des journaux Var-Matin République et Nice-Matin, publiés à l’été 1964, la formule prend parfois du plomb dans l’aile.

Car, qu’on se le dise, il y a 60 ans, les parallèles avec notre époque contemporaine ne sont pas rares.

C’est aussi l’ère de la conquête spatiale: les Américains expérimentent des prototypes de moteurs ioniques pour propulser des engins jusqu’à 320.000km/h.

On assiste à l’essor du maillot de bain "deux pièces moins une" qui ne manquera pas de choquer les esprits pudibonds.

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Fin juillet, une arrivée massive d’aoûtiens est annoncée sur la côte varoise, au point que la SNCF triple le nombre de ses trains. Les pages noircies des journaux annoncent une chaleur record dans le Var, avec 35°C au Luc, et une "France entière [déjà] écrasée par la canicule".

La gestion de l’eau est (déjà) au cœur des préoccupations et pousse notamment Jean Marcel, alors maire de Brignoles, "à attirer l’attention sur le problème crucial de l’alimentation en eau de l’ensemble de la population".


En 1964, pas de réseau 5G capricieux... En revanche, les opératrices des centraux téléphoniques avaient du fil à retordre pour satisfaire les clients mécontents. DR.

Des soucis de liaisons téléphoniques se font ressentir. Pas au niveau du réseau 5G capricieux, mais du côté des opératrices installées dans une pièce surchauffée à Brignoles: "Épuisées, elles ne savent plus comment faire pour lutter contre la chaleur, l’air qui leur manque, et... les clients qui rouspètent!", décrit le journaliste.

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Alors oui, les temps changent, évidemment. Mais finalement, sur bien des points, pas tellement.

10.000 hectares ravagés par les flammes dans le Var

"Les forêts brûlent dans le Var! – 6.000 hectares ravagés – De nombreuses habitations évacuées", annonçait la Une de Var-Matin République, le 11 juillet 1964.Un feu d’envergure, "parti des abords immédiats de Fréjus", ravageait alors le massif de l’Estérel. "Plusieurs villas ont été la proie des flammes qui, dans une folle course vers la mer, atteignaient le Trayas et Théoule", ajoutait Nice-Matin. Parallèlement, des incendies éclataient à Tourves, Lorgues-Flayosc, La Valette ou Cuers.

En Dracénie, la situation est compliquée. "À plusieurs reprises au nord de la RN 557, la Catalina (aéronef bombardiers d’eau, Ndlr) intervint. Tout au long de la journée, le feu a continué ses progrès, attisé par un vent tournoyant."

1.000 pompiers mobilisés

Début juillet 1964, plusieurs incendies ravageaient près de 10.000ha dans le Var. (Photo DR archives).

Le dimanche 12 juillet, on dénombrait pas moins d’un millier de sapeurs-pompiers mobilisés pour lutter contre ces différents incendies varois. La superficie brûlée de bois, pinèdes et broussailles, était estimée à près de 10.000 hectares sur le plan départemental. A Lorgues, les journalistes de Nice-Matin rapportaient avoir vu "des flammèches transportées par le vent sur plusieurs centaines de mètres, qui allumaient des incendies bien au-delà de la ligne de feu". Tout en évoquant "un très faible degré d’hydrométrie de l’air".

Var-Matin République qualifiait alors le Var de "Terre brûlée""En deux jours les splendides forêts qui font la richesse de notre département dressaient vers le ciel des mats calcinants et fumants, tristes vestiges de collines ombragées."

Le lundi 13 juillet, la zone de Lorgues-Flayosc n’en finissait pas d’inquiéter les sauveteurs. Tout comme la population dracénoise. La recrudescence des foyers "vers la N 557, en deçà de Flayosc", créa une inquiétude notoire à Draguignan. "Une épaisse fumée barrait l’horizon ouest de la ville pour bientôt couvrir le ciel d’un lourd nuage. Le soleil n’était plus qu’un bloc rouge à la lueur blafarde. Une obscurité d’éclipse coulait sur la campagne", contait un journaliste.

Début juillet 1964, plusieurs incendies ravageaient près de 10.000ha dans le Var. DR.

Sur le sinistre, "les vents tournants firent craindre un instant que le feu ne se dirige vers le village de Flayosc. Mais les champs de vigne et les superficies cultivées, créant une protection naturelle, toute menace fut écartée."

Le 14 juillet, alors que l’incendie était en passe d’être éteint, des reprises importantes étaient signalées et prenaient alors la direction de Villecroze. "Tout était remis en question dans l’après-midi (...) le feu continuait ses ravages et des Catalina étaient appelés en renfort".

De Lorgues à Flayosc, et de Salernes à Villecroze, il aura fallu six jours de lutte aux pompiers pour éteindre le feu. Sur le secteur dracénien, le brasier avait ravagé 2.350 hectares. 

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Problème d’eau et... de canicule

"C’est un fait certain, la canicule qui s’abat sur Draguignan est l’ennemi public n°1", soulignait Nice-Matin, à l’été 1964. (Photo DR archive).

En 1964, la problématique de la gestion de l’eau était déjà préoccupante dans le Var. Notamment dans la région de Brignoles.

Nice-Matin relatait, dans son édition du 24 juillet, que le maire de l’époque alertait "sur le problème crucial de l’alimentation en eau potable de l’ensemble de la population." Ajoutant que les créations de nombreux jardins autour des maisons individuelles augmentaient la consommation d’eau de manière significative. Au point que "les canalisations existantes ne peuvent [alors] suffire à la consommation pendant la période d’été."

En conséquence, on apprenait que la municipalité avait tout bonnement décidé d’interdire l’utilisation de l’eau potable pour l’arrosage des jardins, de 7 heures à 20 heures. De quoi nous rappeler quelque chose...

Un ingénieur pointait de son côté l’état du réseau de distribution "trop hétéroclite (...) et dépassé par l’expansion de la commune qui a doublé, en moins de 10 ans, le nombre de ses habitants." Au point qu’en juin, au nord de la commune, certains Brignolais "restèrent plusieurs journées entières sans eau." Et l’ingénieur d’arguer: "Il fallait donc prendre des mesures." Soulignant que "l’affaire était avant tout une histoire de solidarité communale."

Une situation problématique, d’autant plus en période de grosse chaleur. "C’est un fait certain, la canicule qui s’abat sur Draguignan est l’ennemi public n°1", lisait-on dans un autre article.

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À quoi ressemblait la météo en 1964?

En 1964, la météo avait un tout autre visage. (Photo DR archive).

Parmi les informations plébiscitées, l’indétrônable météo avait évidemment toute sa place dans les pages des quotidiens de 1964.

Mais à l’époque, on revenait sur la situation météorologique... de la veille, analysée en détail.

Des prévisions régionales du jour, succinctes, étaient tout de même renseignées: "Var: ciel dégagé. Vent d’Ouest modéré. Mer encore agitée. Températures sans changement." Simple et efficace.

Quant à la carte du jour, elle se concentrait sur un point de situation prévisionnel à 13 heures, uniquement.